Etymologie du nom RUMIGNY :
RUMINETUM (1066), RUMENI (1168), RUMINIACUM (1192), RUMEGNI (1238), RUMEGNY (1301)
Les premiers textes qui en font mention le désignent sous le nom de RUMINETUM. Le nom était latinisé dans plusieurs de ces documents, d’où certaines variantes dues à la plume des scribes, alors que le nom de Rumeni employé dès 1168 dans un texte en français de Robert de Boves était en fait déjà très proche du nom actuel. Le nom Ruminiacum, fait remarquer Christian Montenat dans son ouvrage Rumigny, village picard (1999, ed. Commune de Rumigny) indiquerait l’appropriation du sol par un habitant celte ou romain, et remonterait sans doute au 2è ou 3è siècle de notre ère. Mais il est certain qu’il existait déjà depuis plusieurs siècles un peuplement sur le territoire de Rumigny.
De l’Antiquité à la Révolution :
Les photographies aériennes de Roger Agache montrent plusieurs constructions gallo-romaines sur le territoire de Rumigny. La plus importante se trouve entre le bois du Fief l’Evêque et le bois semé, à gauche du chemin qui conduit aujourd’hui au Petit Cagny. Mais les origines du village remontent bien avant. Le grand nombre d’outils en silex (certains en pierre polie) prouve que les terres de Rumigny étaient cultivées au Néolithique, observation confirmée par plusieurs traces d’habitation : tessons de poterie, traces de feu, fragments de dalles ayant pu servir de meules à grain. Un de ces foyers était situé chemin de la Bachie. Et dès le Paléolithique, l’abondance de silex taillés atteste le passage fréquent de chasseurs.
Au moyen-âge, Rumigny est un simple village agricole qui dépend de la Seigneurie de Boves. Il paye la dîme au chapitre de Picquigny, aux religieuses de l’Hôtel-Dieu d’Amiens et au chapitre de la Cathédrale. Son église et son château existent déjà à l’emplacement actuel, mais les bâtiments que nous voyons au 21è siècle ne sont plus les mêmes.
Le village fut détruit en 1470 lors du siège d’Amiens par les Bourguignons. L’église, reconstruite plusieurs fois à la suite d’incendies, conserve aujourd’hui le plan qu’on lui a donné au 18è siècle mais le clocher, reconstruit après la dernière guerre, a perdu ses contreforts qui lui donnaient un certain caractère. Le château fut rasé sous Henri IV, le Seigneur de Rumigny ayant pris parti avec les ligueurs contre le roi.
C’est alors que la seigneurie passe aux Gueulluy ; leurs descendants, les Sercey puis les Saint-Maur, sont toujours propriétaires du château qui a été construit au 18è siècle.
C’est également au 18è siècle que le cimetière est transféré à son emplacement actuel, dans un terrain donné par la famille de Gueulluy. Le plus vieil édifice de Rumigny est en fait le manoir (16è siècle) face à la forge, dont les fenêtres à meneaux sont protégées par d’élégantes grilles en fer forgé.
Rumigny au dix-neuvième siècle :
En 1789, les habitants de Rumigny rédigent leur cahier de doléances. Ils se plaignent de la gabelle, des impôts inéquitables, de la milice que l’on lève sans nécessité, des chasses destructrices, des quatre gros colombiers du village dont les pigeons dévastent les semailles. Et la Révolution éclate. En1792, la jeune Marquise de Rumigny, dont le mari a rejoint l’armée de Condé, émigre en Angleterre avec ses enfants. Le marquis reviendra en France et sera Maire de Rumigny de 1815 à 1835. Son fils Marie-Théodore sera officier sous Napoléon et deviendra Pair de France sous Louis-Philippe.
Pendant la révolution industrielle des 18è et 19è siècles, Rumigny voit sa poulation doubler, passant de 300 en 1760 à 661 en 1846. Le village abrite deux fabriques de tuiles plates (panneteries) et a trois moulins à vent dont un moulin à huile. Rue d’Amiens s’établit la fabrique de tarares Ducroquet, qui emploie une trentaine de personnes vers 1870.
Plusieurs foyers reçoivent d’Amiens les longues pièces de velours que l’on travaille au « sabre » pour en faire les côtes et qui repartira en usine pour devenir après plusieurs opérations le velours côtelé d’Amiens. D’autres préparent -toujours à domicile- la laine qui doit être lavée et peignée avant de partir en filature. Rue de l’argilière (rue de St Sauflieu) à l’angle du chemin d’Oresmaux, on extrait de l’argile pour la fabrication de briques cuites en plein air.
La haute cheminée dont se souviennent plusieurs habitants était celle d’une briqueterie industrielle qui s’y établit après la dernière guerre et fonctionna jusqu’en 1964. La cheminée fut abattue une dizaine d’années plus tard. Le terrain a été acheté par la Commune en 1989 pour devenir jardin public.
Rumigny au 20è siècle :
Rumigny ne fut pas épargné par les dernières guerres. En 1870, il fut le terrain de combats entre Français et Prussiens avant la prise d’Amiens par ces derniers. Rumigny fut alors occupé.
En juin 1940, le village évacué fut le lieu de violents affrontements lors de la courageuse résistance de la 7e division face aux forces supérieures d’artillerie et de cavalerie allemandes appuyées par une efficace aviation (cf La Bataille au Sud d’Amiens de P. Vasselle). Le centre de Rumigny fut presque entièrement démoli.
La reconstruction devait imposer un nouveau tracé qui modifia complètement la physionomie de Rumigny. Les cinq mares furent comblées et la rue d’Hébécourt réorientée dans l’axe de la rue du quai.
On trouvera dans le livre de L. & Christian Montenat, déjà cité, un plan du vieux Rumigny en 1877.
Le Rumigny d’aujourd’hui n’a plus que trois exploitations agricoles et une poignée d’entreprises. Pourtant sa population augmente, principalement grâce au flux positif entrées/sorties. La comparaison des listes électorales de 2002 et de 2007 révèle 132 radiations pour départ et décès et l’apparition de 145 nouveaux électeurs, jeunes gens accédant à la majorité ou nouveaux habitants, souvent des couples avec de jeunes enfants.